I – Un peu d’histoire

Le métier d’ambulancier est très ancien car dès l’antiquité, au VIème siècle, un corps de cavaliers romains était chargé d’évacuer les blessés lors des combats.

Au XVIème siècle, lors des guerres de religion, pendant le règne d’Henry IV, l’armée inventa les premières ambulances : les caisses d’artillerie, tirées par des chevaux et qui amenaient les munitions, servaient ensuite au transport des blessés quand elles étaient vides. Des soldats étaient donc affectés au relevage et au transport des blessés.

Deux siècles plus tard, en 1794, le chirurgien militaire, Dominique Larrey, crée les premières « ambulances volantes » qui accompagnaient les soldats jusque sur le champ de bataille et prenaient immédiatement en charge les blessés. Il s’agissait de voitures à chevaux transportant deux à quatre blessés et permettant leur évacuation vers l’arrière pour y être soignés.

Dominique Larrey à gauche et une ambulance volante à droite

Quelques années après, un autre chirurgien militaire, Pierre-François Percy fut à l’origine du concept d’ambulance médicalisée : il créa un corps de « chirurgie mobile ». Les caissons d’artillerie de type « wurst » furent transformés en ambulance tout en transportant rapidement jusqu’aux soldats blessés un chirurgien, des infirmiers et du matériel de secours. Larrey et Percy sont à l’origine de la création des brancardiers militaires, en 1813. Ils se servaient d’un brancard démontable dont chaque hampe était constituée par la lance d’un brancardier-soldat dont le shako (couvre-chef militaire) contenait du matériel de premier secours.

Une voiture de “chirurgie mobile” de Percy

Dès 1830, le docteur Hyppolite Larrey mit en œuvre le concept de son père pour les civils blessés sur la voie publique. Puis, Paris se dota en 1881, à l’initiative du Dr Henri Nachtel et de Victor Hugo (conseillers municipaux), d’un service d’ambulances hippomobiles médicalisées par des internes de l’Hôtel Dieu pour le transport des blessés sur la voie publique et des malades contaminés par la variole, ancêtres des SMUR d’aujourd’hui. Ce sera le service des Ambulances Municipales.

Une ambulance hippomobile médicalisée (médicaments, pansements, instruments de chirurgie,…)

En 1941, l’Assistance Publique met en œuvre le service des Ambulances des Hôpitaux de Paris. C’est également à cette époque que se créent les premières sociétés privées de transport de malades. Le métier d’ambulancier privé est né.
 

La loi du 10 juillet 1970 précisera les premières règles organisant cette profession.

Le 26 mars 1973, est créé le Certificat de Capacité d’Ambulancier (CCA) et le 27 mars l’Agrément des Entreprises de Transports Sanitaires. C’est cette même année que la Croix Bleue à six branches appelée « Croix de Vie » devient le signe distinctif des entreprises d’ambulances agréées.

La loi de janvier 1986 sur l’aide médicale urgente et les transports sanitaires, modifiée pour la dernière fois en 2004, ainsi que le décret de novembre 1987 sur l’agrément des transports sanitaires terrestres modifient les dispositions contenues dans la loi de 1970.

II – La formation d’ambulancier

La première trace d’un programme de formation, œuvre du Pr Duchaussoy, était destinée aux ambulancières de la Croix Rouge Française intervenant sur les champs de batailles. En effet, durant la guerre de 1870 qui oppose le Second Empire français au Royaume de Prusse (du 19 juillet 1870 au 29 janvier 1871), les hommes sont au combat.

Et si « les femmes qui consentent à donner leurs soins n’ont acquis, la plupart du temps, leur expérience qu’aux dépens des malades eux-mêmes; elles sont privées, presque toutes, des premières notions nécessaires à l’exercice de leur profession; et la plupart d’entre elles sont de plus imbues d’idées fausses qui les conduisent à une pratique nuisible. » L’idée est de remédier à ces lacunes tout en utilisant au mieux les bonnes volontés. C’est ainsi que dès 1876 est créée, par le docteur Duchaussoy, la 1ère école française de gardes-malades et d’ambulancières. Elle a pour vocation l’instruction de soins éclairés, permettant ainsi aux médecins d’avoir la certitude que leurs prescriptions seront comprises et exécutées correctement par les femmes, lors de possibles conflits armés ultérieurs.

Le premier programme des études conduisant au CCA est seulement publié le 21 mars 1989 (soit 16 ans après la création du CCA) et sera revu en mai 2001. L’arrêté du 26 janvier 2006, modifié le 18 avril 2007, remaniera en profondeur le programme de formation des études et créera le diplôme d’ambulancier. Ce diplôme deviendra un diplôme d’état par le décret du 30 août 2007 (voir annexes). Il est délivré par la DRASS à l’issue de la formation et de la réussite à l’ensemble des épreuves de validation.

Antony Prigent
Ambulancier diplômé d’état